La présence de Marie Raymond à Paris pendant la période d'après-guerre a eu un impact profond sur la scène artistique dynamique de la ville. Immergée dans le mouvement d'avant-garde des années 1940 et 1950, elle devient une figure centrale contribuant de manière significative à l'évolution de l'art abstrait dans la capitale française.

Arrivée à Paris au début des années 1920, Marie s'intègre rapidement dans la vie bohème de Montparnasse. C'est dans ce quartier dynamique qu'elle et son mari, le peintre néerlando-indonésien Fred Klein, ont établi des liens avec des artistes, des critiques et des galeristes influents. Ce mode de vie bohème, marqué par l'échange intellectuel et l'expérimentation artistique, jette les bases des futures contributions de Marie à la scène artistique parisienne.

Marie Raymond lors du vernissage de l'exposition Marie Raymond : Peintures 1960-1966, Galerie Cimaise Bonaparte, Paris, VERS 1966.

Photo Credit: Archives Yves Klein, Paris

La percée de Marie Raymond a eu lieu au milieu des années 1940 lorsqu'elle est passée des éléments naturalistes à l'abstraction. Sa participation au salon des surindépendants en 1945 marque un tournant et son style distinct est reconnu aux côtés d'autres artistes d'avant-garde d'après-guerre. Notamment, en 1946, le journaliste Charles Estienne organise l'exposition « Peinture abstraite », mettant en vedette Raymond aux côtés de personnalités comme Jean Deyrolle et Hans Hartung, consolidant ainsi son statut d'acteur clé du mouvement artistique d'après-guerre.

Le "lundi de Raymond", rendez-vous hebdomadaire dans son appartement de la rue d'Assas, est devenu un lieu de rencontre incontournable pour les artistes, les critiques et les galeristes. En présence de personnalités telles que Pierre Soulages et Nina Kandinsky, ces rassemblements ont non seulement mis en valeur l'impact social de Marie, mais ont également démontré son engagement dans la défense de l'art abstrait d'après-guerre.

De gauche à droite : X, Gildas Fardell, Nina Kandinsky, Manuel Ortiz, X, rue d'Assas, Paris, VERS 1954.

Photo Credit: Archives Yves Klein, Paris

L'influence de Marie Raymond s'étend au-delà de ses propres contributions artistiques. En tant que critique d'art pour le magazine néerlandais "Kunst en Kultuur" de 1946 à 1958, elle défend l'art abstrait et attire l'attention sur d'autres artistes émergents à Paris. Sa position unique en tant qu'artiste et critique-lui a permis de combler le fossé entre la création et le commentaire, renforçant ainsi son rôle dans l'élaboration du récit de la scène artistique parisienne au cours d'une période de transformation.